Blog-note

mardi 31 mai 2011

Lettre ouverte à Nadine, une ministre qui nous explique comment faire sans argent (et peu après fait virer Albane, une employée d'un hypermarché)...

Lettre ouverte à Nadine


Résumé de l'histoire (lien). D'abord il y a la lettre, qui vaut son pesant d'or : celle d'une bourgeoise style presse rose qui explique aux "pauvres" comment s'en sortir avec rien, c'est simple, yaka. Ensuite, récemment, elle grossit leurs rangs en faisant licencier, malgré ses excuses réitérées, Albane une jeune vendeuse mère de famille qui se serait moquée d'elle.. Et lorsque les médias le lui reprochent, elle se défausse en assurant qu'elle s'est "contentée de se plaindre auprès de la direction (!) telle -je la cite- n'importe quelle cliente mécontente". Comme si elle pouvait ignorer ce que la "plainte" d'une femme politique en vue contre une employée de niveau modeste, noire, allait donner. C'est petit. Je dirais même, dans la ligne. Assez minable.


Lettre ouverte à Nadine à propos de son site ''mon budget ou comment apprendre à le gérer'' dans lequel elle tente d'expliquer aux pauvres comment s'en sortir... avec quelques conseils d'économie domestique de base (!)

Chère Nadine, vous vous fichez légèrement de notre tête... avec le coup de marketing le plus éculé qui soit : culpabiliser les pauvres pour qu'ils ne la ramènent plus. "Vous êtes mal dégourdi, y a qu'à vous que ça arrive à ce point donc ça n'existe pas -du moins c'est rarissime-.'' Et du coup, vous les pauvres, les "exceptions", vous n'existez pas. Et si on n'existe pas, on la ferme et on s'enferme devant la télé... où des gens beaux riches et bronzés vous endorment : l'allégorie de la caverne moderne. Vous voilà isolé, mystifié, fragilisé. Car le bourgeois supporte mal la pauvreté ; il est fondamentalement bon, le bourgeois, il n'a pas de raison d'être méchant, il a en général choisi d'être bourgeois et il en est fier, il ne voit même pas comment on peut être "autre" ; il représente tout ce que la société exige pour être aimé-apprécié et s'en targue - belle voiture, belle maison, belles vacances-... Donc ça le dérange, la pauvreté : un peu de conscience malheureuse. Alors il n'est pas avare, du moins de conseils : yaka, suffitde, faitescommemoi, jevaisvousdire... Et on l'écoute, forcément, il est bourgeois. Mais il y a un moment où tout de même ça ne passe plus.

Et quand on s'énerve, alors c'est l'autre face qui pointe: si vous êtes "comme ça", c'est votre faute : irresponsable, imprévoyant, sous doué, mal dégourdi... autrement dit : bien fait et ta gueule. Car il faut que le pauvre soit responsable -et le croie- pour que le riche soit innocent. C'est carré. Banal. Ma belle mère était championne de ce logos. Mais elle n'avait que le brevet. Jamais encore un hiérarque quelconque ayant-étudié-à-la-fac, chère Nadine, -je suppose que c'est votre cas- avait osé pondre un manuel qu'elle aurait pu signer et que l'on pourrait intituler "de la responsabilité des pauvres de leur pauvreté et de la manière de la leur faire accepter sans qu'ils ne nous emmerdent".

Et voilà à présent, c'est Albane qui, par ses soins, se joint à la cohorte. (lien)

C'est le "coup" de M Bip en somme (lien), mais minime, au quotidien : l'illustration parfaite de l'impensable arrogance de ceux qui nous gouvernent, chez lui, élevée à la puissance N, forcément c'est une plus belle pointure que Nana.



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