Du rififi chez les hommes, suite et une idée..
Un scénar de polar entre Fred et Grangier. Soit une jolie anglaise genre Miss qui rencontre au ski un -assez- beau libanais de 15 ans plus âgé, riche à millions et qui va le devenir plus encore. Mariage, vie hollywoodienne, yacht, fiesta et potes haut placés, Koko, Balla, Hortefeux, et leurs sganarelles, Coppé, Gaubert etc.. Las, 20 ans après exit la (moins) belle.. et en prime, pour éviter de raquer, le mufle l'accuse de batifolage ; il a des avocats-magiciens, ce n'est pas Patachon ni Double-patte mais il sont capables eux aussi aussi de faire de n'importe quelle mère de famille une insatiable Messaline croqueuse de diams. Beaucoup (quoique) en la circonstance consentent à la licenciée une généreuse indemnité, surtout lorsqu'ils furent à leurs moments perdus porte flingues valises (remplies de billets, ça pèse!) d'un challenger au fromage à la Présidence de la République, destinées à sa campagne électorale ou à ses menus plaisirs, règle d'or de tout candidat ou homme d'affaires : plus on investit, plus ça rapporte.. valises dont la dame n'ignore rien. Embêtant? Bof, il en a vu d'autres, le garnement, et ce n'est pas une nana qui l'impressionne. Il a tort.
Donc le téméraire goujat constipé du porte-monnaie pinaille et pour finir lui propose sans rire.. une pré retraite de prof, 1000 E/mois, il peut pas plus. C'est que le coquin est un prévoyant, il a pris les devants tant pour le fisc que pour sa bien-aimée; l'artiche est à l'abri. Du reste, malgré un train de vie d'émir qui interpelle, il paie peu d’impôts. Elle bondit de rage et du coup, pour sauver sa peau, dévoile l'immense richesse du fourbe.. un scoop qui passionne le juge -dont les oreilles se dressent comme celles d'un berger allemand devant un chat-.. et de fil en aiguille, elle est amenée à lui en expliquer/confirmer la provenance, -les oreilles s'abaissent, le corps se ramasse pour bondir-: des rétrocommissions pour des ventes de choses encombrantes, en le cas des sous-marins.. au Pakistan.. (ainsi les américains armèrent-ils autrefois les talibans de stingers qui ensuite leur pétèrent à la figure.) -Joie du juge, c'est tout un troupeau bien gras, la queue frémit d'excitation-.
Un détail ici : le marché des armes est un monde à part piloté par des galopins qui, ne pouvant ester s'ils se trouvent en délicatesse avec un truand partenaire homme politique, disposent d'arguments frappants et sans appel. Des gens qui savent se servir du matos, des connaisseurs.. des œnologues. On ne vend pas de pinard à des intempérants, autre règle incontournable.
Comment cela est-il Dieu possible? Simple : les décideurs d'un état vendeur (ministres de l'armée, premiers ministres etc..) pour emporter une affaire, diligentent des intermédiaires, des potes "sûrs" (qu'il faut tout de même graisser d'huile spéciale formule 1, la sécurité, c'est hors de prix) avec quelques petits millions à distribuer aux décideurs d'un pays acheteur (ministres de l'armée, premiers ministres etc..) afin qu'ils optent pour leur came et non celle de concurrents (ah la Chine!) et un bon pourcentage pour eux. Ce sont des commissions : en gros, des huiles corrompent d'autres huiles et c'est légal.. mais par valets interposés rémunérés et c'est aussi légal : un premier ministre ne va pas donner direct à un autre premier ministre une valise pour qu'il achète son matos, ça ferait désordre, même si ça revient au même. Légal donc.
Mais voilà. Ensuite il arrive qu'une partie de ces sommes soient retournées au pays vendeur donc à celui qui a débloqué ces fonds publics donc nôtres (ministre de l'armée, premier ministre etc..) Ce sont les retrocommissions (lien) avec, pour le porte-valise intermédiaire, un pourcentage qui peut atteindre des millions. Et ça, ce n'est pas légal. La loi est comme ça. En somme, seules des huiles en poste officiel (ministres, premiers ministres etc..) ont le droit de corrompre et d'être corrompus mais cette prérogative ne s'étend pas à leur potes.. sinon où va-t-on? Du coup, des potes, ils en ont bien besoin, des qui-ne-parleront-pas et qu'ils vont graisser à cet usage bien où il faut. Mais ce sont des gens dangereux et pour tout dire, malgré les garanties qu'ils représentent, peu fiables. L'idéal est bien sûr de prendre son beau-frère, son cousin, sa maîtresse.. mais même là, le risque existe : si une Eva Joly les serre, ce ne sont pas des héros, ils causent. L'ennui lorsqu'on a tant d'argent est de ne pouvoir en profiter : c'est la discordance entre leur train de vie et leurs revenus officiels qui les trahit et les fonde à livrer au poteau leurs "missionaires". Parfois. Là aussi, ce ne sont pas des héros: yacht, fiestas, hôtels particuliers.. -si après "ça" on doit mener une vie de smicard, c'est zutant tout de même- eux aussi au fond sont prisonniers de la conso, ce n'est certes pas un nouveau presse-carotte mais du flamboyant top, babioles à 1000, 10000 E ou plus -chaussures, sacs croco, montres, fringues et vacances somptuaires à Venise ou ailleurs avec suite et en jet privé etc..- mais ça revient au même. Eux ne sont jamais surendettés. Incontournable.
Ainsi sont financées les campagnes de futurs Présidents de la "res publica" qui plus tard seront redevables à leurs dévoués -déjà grassement récompensés- qui éventuellement pourront ensuite réclamer quelques rallonges... [Enfin dévoués, c'est à voir car malgré ou à cause de leurs cagnottes hollywoodiennes, ce ne sont pas des idéalistes mais des gens qui, courant parfois quelques risques, peuvent se retourner s'ils se sentent acculés, par exemple si le vent a tourné -et le chantage n'est pas fait pour les chiens- d'où, mais cette fois pour les tireurs de ficelles (ministres, premiers ministres..) des nuits agitées. Les "honoraires" de ces porteurs, toujours payés cash, échappant au fisc -et aux épouses- filent en Suisse ou en d'autres pays accueillants voire, pour brouiller les pistes et compliquer la tâche des flics, sont calés par des montages sophistiqués dans de multiples sociétés-écran. Débrouille-toi Eva. Richissimes donc puissants, ils peuvent être d'autant plus gênants. Incontournable aussi, c'est la règle du jeu.
Mais du côté vente-achat aussi, on se méfie. Entre corrompus, normal. Afin d'obliger les acheteurs à respecter leurs engagements, une partie de ces commissions est acquittée après la vente. Ainsi sont-ils "tenus". Et c'est là que ça se corse : s'ils ont misé sur le mauvais cheval, si le tireur de ficelles du pays vendeur (ministre, premier ministre etc..) est battu, son concurrent victorieux (Président) risque de refuser de raquer. Normal. Et c'est là qu'entre en scène le personnage essentiel du scénar, le TNT: Karachi, 15 morts.. Un exemple pour les autres décideurs et intermédiaires rétrocommissionnés, le prochain coup, vainqueurs ou vaincus qu'importe, ils casqueront. Notons que si "tout" avait marché sur des roulettes, c'est le cas de le dire, nous n'en n'aurions jamais rien su : Balla élu, ses porteurs récompensés -un poste de sous ministre peut-être, de la police par exemple, ils aiment bien l'humour-, la Miss spoliée (par son spoliateur de julot) aurait pu aller se rhabiller et sa princesse de copine se faire électrochoquer dans une clinique chic sans que personne ne s'en émeuve. Ici l'impondérable a été l'échec de la campagne Balla pourtant bien montée par ses séides.. et la suite, frappante... et puis, bien après, la mise à table d'une balance femme bafouée désireuse d'en découdre. Une erreur classique des mecs : une femme peut être belle ET intelligente, ça n'empêche rien et le cliché de la ravissante idiote est.. un cliché, justement.
Voilà comment à partir d’un vaudeville banal, scènes de la vie conjugale... ["tu me trompes, je divorce, prend 1000 E et gicle fissa".. "OK coco, mais je parle".. "si tu fais ça, je coule mais toi avec".. "je m’en fous et y en a d’autres qui vont suivre, tu vas voir"… et on voit en effet la copine, ici princesse de son état, un roman de gare! elle aussi séparée de son rétrocommissionnaire de Jules, embrayer et confirmer, scrupules moraux rétroactifs, crainte d'être dans le collimateur après les révélations de la Miss, vengeance, on ne sait.. et ô stupeur, juste après sa déposition (en principe top secret) essuyer une soufflante en règle de la part de son ex qui sait tout en temps réel comme s'il lui avait incrusté une puce électronique sur le front -à l'instar d'un chien de prix- : "qu’est-ce que tu a été balancer aux flics, on va tous y passer, tu iras à l’asile, tu ne verras plus tes enfants etc.." puis les deux filles du couple se diviser, l’une pro-maman : "ils sont bien dans la m. si Sarko ne passe pas" .. l’autre pro-papa : "ma mère est déprimée, elle dit n'importe quoi".. à la différence toutefois que les premiers propos ont été tenus au téléphone sans que la jeune Gaubert ne se sache écoutée et les seconds au cours d'une interview.. dont elle assure sans rire que son père ignore tout… Une famille qui se déchire, des enfants qui se rangent dans un ou l'autre des camps ennemis, c'est banal (lien) mais ici à la clef on a 15 cadavres]...
.. voilà donc comment, à partir d'un sordide pinaillage sur une indemnité compensatoire on en arrive à un des scandales les plus dramatiques qui ont secoué le monde après les Twin tovers, l’attentat de Karachi. Des gens auraient été sacrifiés parce que Balla a raté son coup et que Chichi, une fois élu, a fait.. des chichis, refusant de raquer pour le traître qui avait tenté de lui souffler la belle après qu'il la lui eût présentée. (Pendant qu'il préparait sa campagne électorale, il l'avait garé en poste de premier ministre pour le servir... et la fripouille en avait profité pour tenter de lui ravir le fromage.) Et voilà comment ses intermédiaires, Takkiedine, Gaubert, les deux divorcés malheureux (potes de Koko, au demeurant chef de staff de la campagne Balla) Bazire, Coppé (idem) et quelques autres auraient filouté malgré eux leurs redoutables clients pakistanais... Quoique, l'histoire n'est peut-être pas si simple..
Car c'est là que Takkedine dit avoir échappé de peu à un attentat, les risques du métier. Un attentat mystérieux : rétorsion de mécontents du service après-vente Darty Chichi ? tentative de faire taire un comparse devenu compromettant ou trop gourmand comme cela se fait lorsqu'un coup à foiré? Montage de la part du malin -ou de ses patrons!- pour dissuader des seconds ou troisièmes couteaux de se mettre à table ? (Car le ratage, suspect, interpelle : en général, et des deux côtés, "ils" savent faire, c'est des pro.) Le navire prend l'eau, les rats sautent à la mer, on lâche un faux requin pour les obliger à rester sur le pont, version maffia des luttes syndicales "tous solidaires, bandes de jaunes balances".. sinon couic.. et on dira que c'est un coup des pakistanais" ou du "Titanic". Palpitant, isn'it?
Et la série -espionnage-corruption et vaudeville continue.. et on voit, juste après une audition d’instruction en principe secrète, le mis-en-cause Gaubert admonester celle qui l'a "balancé".. et un ex ministre de l'intérieur grand pourchasseur de rroms devant l'Eternel (lien), Hortefeux, appeler son pote gardé-à-vue pendant sa GV et lorsque celui-ci lui annonce piteusement sa situation, lui répondre platement, pas plus étonné que ça, "à bon, à tout à l’heure". "Mal, ils sont mal en effet si Koko ne passe pas" comme dit la jeune Gaubert. On comprend ici mieux pourquoi certains le soutiennent si ardemment. Question de vie ou de mort, comme dit Gaubert-père.
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