Blog-note

vendredi 15 juillet 2011

Commentaires censurés sur le Post (au sujet de Tristane Banon).


DSK  "représentait l'image d'un père (mari de sa marraine et père de son amie) ce qui aggrave le trauma et en fait un quasi inceste)". http://bitissime.blogspot.com 15/07/2011 03:25 

"Porter plainte c'est courir le risque de voir, de lire, écrit sur soi... ce que l'on peut voir sur ce fil même, ce qui est plus dur que l'acte dénoncé car il semble "justifié" par la société (même s'il ne s'agit que de quelques uns, mais qui crient très fort.)" 15/07/2011 03:15 

A un commentateur qui a envoyé un lien avec une vidéo cruelle et sotte se moquant de Tristane, intéressante pour cela même. "Voilà pourquoi la plupart des femmes (et hommes) violés ne parlent pas et a fortiori ne portent pas plainte. C'est la suite la plus difficile : s'ils relatent, on les accuse, soit de faire du pathos, soit d'être trop détachés, soit encore de chercher un profit (? argent, notoriété) ou d'être fous (lien), ce qui décuple le trauma. Vous en donnez l'exemple ici."
 
"Un "oreiller"? (ainsi appelle-t-on les dames "appelées" directement par la réception sur demande de clients dans certains hôtels dont paraît-il celui-là, pour leur tenir compagnie.) Ici, une commentatrice s’étonne que DSK ait eu recours à Nafi puisque c’était si facile de se satisfaire autrement.
"Oui certes, mais voilà, apparemment, le monsieur était plus compliqué que ça, si on en juge par les propos, certes issus d'une dame... comment dire? en tout cas experte en hommes, ex call girl devenu patronne d'un réseau... bref, il aurait été un client aimant la "difficulté" ou, comme chez Renault, en "voulant plus" (elle l'aurait blacklisté.) Diantre qu'en termes galant ces choses-là sont dites. Il y a des hommes comme ça. Pas toujours détectables dans la vie quotidienne, qui se "lâchent" avec la gentuzza. C'est bien cela qui choque. Banal, savez-vous? Les épouses assurent (et elles ne mentent sans doute pas, ou du moins pas toutes) que "leur mari était tout à fait normal du point de vue sexuel, tendre, attentionné etc. et incapable de faire "ça" ". Oui : à elles. Pas à d'autres, avec qui la relation n'était pas d'amour mais a contrario de défoulement. "La maman et la putain", cela aussi est banal chez tous les hommes et souvent chez les méditerranéens. Respect de "la" femme, catharsis, défoulement, tout se mélange. Avez-vous aussi observé son attitude avec sa femme? Après avoir attendu, tendu (viendra- viendra pas? car c'est tout de même, au mieux, un énorme cocuage) il s'éclaire lorsqu'il la voit enfin arriver : sauvé, maman est là. Mais ensuite, il la regarde à peine, se lève comme s'il était seul, c'est elle qui le rejoint puis règle son pas sur le sien (visiblement trop rapide) et lui prend le bras au moment d'affronter le dehors, le regardant en coin : une mère qui vient de dédouaner son galopin chez le proviseur et doit encore lui faire paravent devant la foule exaspérée. C'est ce geste qui me fait douter (ou plutôt ne pas douter.) Homme enfant ET narcissique égoïste voire agresseur, le mixte est banal, qui prend ce qu'il y a à prendre chez chacune, son argent et sa position à une, son corps à une autre. Aimable, séducteur : à condition qu'on lui offre ce qu'il exige. Odieux dans le cas inverse. Le 12/07/2011 20:38 


Et une analyse sous forme d'article

La plupart des victimes de trauma gravissimes (par exemple, les enfants maltraités sexuellement, violés, les rescapés de guerre ou même seulement les témoins..) surprennent souvent par la manière détachée dont ils les relatent lors d'interviews. C'est une façon de résister, banale en cas de stress intense: ils se dédoublent. Il y a d'un côté l'être qui parle de "ça", et de l'autre, celui qui a subi. Il arrive dans les cas extrêmes qu'ils parlent ou PENSENT d'eux-mêmes à la 3ème personne. C'est ce que l'on nomme la pudeur : la victime redoute de se laisser aller et du coup se contrôle à un tel point qu'en effet elle peut dérouter. Exemple, certaines interview de "Shoah" ou de kamikazes rescapés (ou de leur famille) où on voit les interviewé/es relater des faits abominables d'une manière si désinvolte, s'attardant parfois lorsque cela devient trop lourd sur des détails comme pour faire diversion, voire souriant.. qu'un interlocuteur non averti peut se demander s'il n'a pas affaire à un/e psychotique. Une autre manière de se distancier d'événements pénibles lorsqu'ils sont moindres est l'humour ou l'art.

La victime, redoutant autant la pitié qui humilie que l'indifférence qui anéantit, doit donner une image exacte des faits sans violenter le public en lui transmettant sa souffrance... (par délicatesse ou de peur d'être rejetée, moquée, non crue voire accusée : il y a des "choses que l'on n'a pas envie d'entendre et il est plus simple parfois devant le malaise de les dénier.) Tout est donc à "lire" entre les lignes et à entendre entre les mots. Ayant interviewé des victimes de trauma de guerre pourtant anciens* (combats, tortures, viols, massacres), je peux dire que le cas est quasi général** et vaut pour tous les drames intimes, depuis le moindre jusqu'au pire.

* In "Les lettres à Lydie", sur le puits de "Célas". Il s'agit d'un puits de mine désaffecté de 130 m de fond, dans la région d'Alès, où furent précipités en 44 au moins 33 martyrs, la plupart résistants morts sous la torture (voire encore vivants) devant des paysans dont la ferme jouxtait. Pendant toute une interview notamment, la femme écosse des pois chiches sans arrêt et les projette dans deux bassines à ses pieds selon leur maturité, ponctuant ses propos d'un crépitement régulier... s'interrompant parfois pour admonester sa petite-fille qui se trompe de cuvette ! Hallucinant.

** Cela peut changer d'un instant à l'autre et c'est impressionnant (par exemple la fille de l'une des victimes, après avoir vu mon film, qui s'effondre et éclate en sanglots). Les deux réactions parfois se suivent immédiatement: ainsi un résistant connu (avocat et homme politique donc habitué au logos), après avoir parlé de la bataille de "la Parade" (où 22 maquisards ses camarades furent sacrifiés)... en termes légers, presque humoristiques (il mentionne notamment sur une de ses blessures et, badin, me propose de me la montrer.. "bien qu'à mon âge, je n'aie plus grand chose, hélas, qui puisse intéresser une belle jeune femme").. sort-il des photos, les étale-t-il devant moi.. et soudain blêmit, se lève, renversant caméra et ordi, et file. Il revint peu après, redevenu Me B., ténor redouté de ses adverses, protestant vigoureusement contre son "c. de toubib" qui lui prescrit des médocs lui causant quelques problèmes de contrôle. "Je ne risque plus rien question prostate soi disant, mais je suis devenu un vieux schnock pleurnichard, pardonnez-moi" conclura-t-il en riant (lien).


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