Blog-note

dimanche 19 juin 2011

La poste, pardon, la banque postale, toujours à votre service



Je viens de surfer sur le site "la poste" et m'émerveille de la disponibilité et de toutes les offres proposées à leurs clients, originales, rapides, intéressantes et de leur amabilité... virtuelle hélas en le cas. Car la réalité est tout autre : la voici, lisez, mais asseyez-vous avant.

Samedi 18 juin, 11 heures 24. J'arrive à la poste de Touit (dans le Midi) afin de retirer de l'argent, mon chéquier n'étant pas arrivé. Peut-être n'ai-je pas fait exactement ce qu'il fallait, ayant l'habitude qu'il soit envoyé automatiquement en bout de carnet... Tout part de là.

O stupeur, malgré l'écriteau quiindique la fermeture à 30, la porte est verrouillée. Sur le coup, je ne comprend pas: ça avait dû se faire à l'instant puisqu'une jeune femme qui m'avait "doublée" sur le trottoir était passée ! Le temps de monter les cinq marches, couic ! Je toque donc (on voyait quelqu'un à travers la vitre.)

Une voix rien moins qu'aimable, me répond "c'est fermé". Je demande, sans agressivité, (on est dans le Midi !) plutôt sur un ton quémandeur-aimable : "Mais ce n'est pas l'heure..." Même réponse ("c'est fermé") et je vois la silhouette me tourner résolument le dos. Je ne réagis pas, croyant qu'on cherche des clés (?) pour m’ouvrir. Précision : tout ceci s'est passé en quelques secondes, bien plus rapidement que de l'écrire. Devant l'immobilité de la forme qui semble humaine, je toque à nouveau, un peu plus fort, et prie à nouveau : "s'il vous plaît, ouvrez-moi". Rien... puis re "c'est fermé". J'insiste : "Mais ce n'est pas tout à fait l'heure et je n'en ai que pour un instant"... silence. Puis, après un coup d'oeil à ma montre, (me serais-je trompée?) je frappe encore, agacée cette fois.


Et là, stupeur, je vois la porte soudain s'ouvrir et me trouve littéralement nez à nez.. et sous le feu d’un personnage improbable, rouge, en t-shirt également rouge, un peu corpulent, planté devant moi, furax (je pèse mes mots) qui me crie littéralement dessus : "vous n'allez pas encore nous faire de coup de venir à 11 heures 28, ça commence à bien faire à la fin, on vous connaît !" (?) Le ton est idoine aux propos, insultant et surtout le monsieur m'oblige, n'ayant qu'entre ouvert, à le frôler. Chose ahurissante, d'après le ton et l'air du personnage, j'hésite, ne sachant s'il m'ouvrait pour que je rentre ou plus vraisemblablement pour m'agresser. Et c'est là, pour me mettre à l'aise en quelque sorte (!), qu'il me donne toujours le le même ton, cet ordre... assorti d'une menace : "allez y, faites votre opération ou je vais finir par m'énerver!" Précision : je suis à ce moment par son fait à un centimètre environ de lui. Je tremble et cela durera presque toute la matinée (je ne suis cependant pas pusillanime d'habitude*, mais là, il y a l'effet de surprise, de stupéfaction même, que sais-je ?)

Il y a à ce moment encore deux femmes dans le bureau dont l'une a d'ailleurs fini et l'autre, celle qui est passée juste avant moi, s'avance à son tour (ça ira aussi très vite)... deux femmes qui observent la scène, ahuries, sans réagir (la peur?)... de même que le personnel, pourtant d'habitude aimable, derrière les vitres, au guichet ; c'est surréaliste, tout le monde s'active sans la moindre réaction comme s'il était normal de traiter ainsi un client ou plus exactement une cliente, de surcroît en public. Et là, soudain, je me reprends et m'insurge enfin, tardivement tant ce type de comportement est... disons .. "inattendu" (!) de la part d'un membre d'un service (qu'il soit privé ou public), a fortiori lorsqu'il s'agit d'un client et en le cas, d'une cliente. (Attachée au service public, ce qu'était la poste, cela explique ma "fidélité".)

"Vous n'avez pas à me parler sur ce ton ni de cette manière". Et là, ça s'envenime davantage. Ce sont alors des menaces : "arrêtez immédiatement ou je vais m'énerver et quand je m'énerve... " La phrase est inachevée mais c’est assurément de très mauvais augure, d’autant que le personnage s’est avancé. Cette fois, à bout, moi aussi, je crie : "mais vous me menacez?" Gêné (?) il ne répond pas sur le fond mais me donne ordre d'aller "faire mon opération tout de suite" et "d'arrêter" précisant curieusement "vous ne m'impressionnez pas du tout et là, je vous dis que je vais m'énerver.." (opération que je ne puis effectuer de toutes manières puisqu'il y a déjà quelqu'un au guichet, l'autre étant fermé, ce qu'il voit fort bien)... Et lorsqu'il m'est répété que, je cite "on me connaît, vous n’allez pas à chaque fois nous empoisonner en arrivant à 11 heures 29 etc." (l'horloge et ma montre donnent "25" mais passons), je rétorque que "c'est la première fois que cela m’arrive" et puisque ce monsieur prétend "me" connaître (et moi, non) parlant de moi à la cantonade comme si j'étais une reprise de justice au casier chargé (!) je lui demande "en ce cas, qui suis-je?"... ce qu'il est évidemment incapable de dire car il ne me connaît sans doute pas plus que je ne le connais etc...

Là, c'est trop: je demande à voir le directeur de la poste... "C'est MOI le directeur de la poste" me répond-il hilare, visiblement réjoui, singeant ma phonation en se tortillant, exactement comme un gamin à l'école. (Il répète mes phrases en ricanant : "qui che chuis.. qui che chuis...gnan gnan.. ve ve veut voir le directeur de la poste gnan..") C’est hallucinant. Précision : mon articulation n'est en ce moment sans doute pas parfaite sur les sifflantes car je viens de craquer mon bridge donc cette manière de me reprendre équivaut exactement à se moquer d'un infirme, le fût-il provisoirement : son attitude est donc encore plus minable. Evidemment, je ne le crois pas une seconde, ne pouvant imaginer qu'un cadre de la poste puisse se comporter de la sorte. J’effectue le retrait, comme prévu, cela ne prend que quelques secondes, et à la fin, demande à la guichetière (qui est tout à fait comme d'habitude, souriante, aimable, professionnelle etc.. c'est surréaliste là aussi)... à voir le directeur. Et là, c'est le clou ! elle regarde vers le personnage qui attend à la porte, visiblement prêt à bondir sur qui osera se présenter devant lui à 11 h 30 (entre temps il est la demie) et me confirme : c'est CE MONSIEUR !

Je suis soufflée : se fût-il agi d'un vigile négligé alcoolique et surexcité que je n'eusse même pas pris la peine de le signaler par écrit, mais là il en va autrement. La banque postale, c'est donc cela?

Et lorsque je repasse pour sortir, re belotte, sur le mode cette fois un peu plus violent (mais sournois!) : le monsieur, qui ne me laisse que quelques 50 cm (?) pour passer m’oblige à me glisser en biais et referme (ou tente de refermer) la lourde porte sur moi, me rate (elle est pesante ou il ne tenait peut-être pas à faire mieux?) mais par contre ne rate pas le (très) gros sac que je tiens derrière moi, l’espace qu’il me laisse étant trop étroit pour que je puisse passer avec celui-ci à mes côtés, lequel valse un peu (mais je le maintiens fortement, m'étant enfin adaptée à l'ambiance très particulière, j'avais plus ou moins prévu le coup)... dans lequel, par chance, je n'avais ce jour là ni caméra ni ordi portable. En revanche, j'ai senti la porte sur mon postérieur (légèrement –ayant franchi au plus vite cette passe dangereuse- c'était sans doute bien calculé. Ceci pour donner une idée de la violence de la scène qui n'a duré que quatre minutes.

Il s'agit clairement d'une agression non physique mais d'une agression tout de même, non sexuelle mais de "genre", c'est à dire d'une agression en tant que femme : il est clair que le gars ne se serait pas comporté de la sorte si j'avais été un homme, mesuré 1 m 80, si j'avais eu un compagnon avec moi, ou seulement si j'avais été en couple. Pour cela, j'en ai fait le signalement. J'ai pour le principe porté plainte, sans aucune illusion sur les tribunaux qui, surchargés d'affaires infiniment plus importantes, ne s'occuperont sans doute jamais de celle-ci. Mais cela ne fait rien : la France est tellement à la traîne sur le plan de l'égalité de genre (elle est même la risée de certains pays et hélas à juste titre) que de petites affaires minables comme celle-ci que les femmes subissent quotidiennement, le plus souvent sans rien dire (ça ne sert à rien etc.) mises bout à bout, leur pourrissent la vie. C'est pourquoi il ne faut pas les laisser passer même symboliquement: c'est à force d'être signalées et à ces conditions que ces affaires minables mais qui nous démolissent seront prises en compte et que les petits tyraneaux de province cesseront leurs méfaits.

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