Blog-note

mardi 28 juin 2011

Le viol intra familial et sa non dénonciation. Un sordide fait-divers hautement significatif



"Rue 89" se demande dans un récent article les raisons de la non dénonciation de viols (surtout intrafamiliaux) et une riveraine qui a subi ce type de comportement et ne l'a pas dénoncé fait à ce sujet un commentaire bouleversant.

Je veux ici simplement faire état d'un fait-dit-divers particulièrement atroce qui apporte une réponse extrême dans le drame mais banale dans la nature au sujet des causes du silence quasi constant des victimes.

Un homme est accusé d'avoir tué et dépecé sa compagne sous les yeux de leur fille, puis d'avoir fait disparaître le corps (sans doute donné en pâture aux molosses qu'il élevait). Non, cela ne se passe pas dans le Nord embrumé et sinistre, au fin fond de la forêt obscure du Moyen âge mais de nos jours et dans un charmant village gardois fleuri et touristique. Vergèze, près de Nîmes la romaine aux arènes qui émerveillèrent même le Racine méprisant vis à vis des "gens du Midi", je cite  "ignares, sales et barbares", le Racine cependant de "mais nous avons des nuits plus belles que vos jours".

Qu'est-il arrivé? Simple. L'homme avait déjà été accusé (et convaincu) d'attouchements sur la personne son fils né antérieurement d'une précédente union puis, sa peine purgée, laissé libre sans soins ; il avait rencontré une jeune femme arabe (apparemment isolée) à qui il s'était empressé de faire un autre enfant, privé qu'il était de son premier, (cercle classique: "on m'en a "pris" un, j'en fait un autre")... et avait réitéré ses "gestes". Séparé de sa compagne, le voilà, chose improbable, dénoncé par la petite fille, sur le point de perdre définitivement sa garde car la mère, dont la situation financière catastrophique -à la suite de sa séparation- s'était rétablie (ayant comme tous découvert tardivement l'affaire) voulait reprendre sa fille et lui faire supprimer tout droit de visite : elle avait engagé une procédure qu'elle était sûre de gagner ; c'est à cette occasion qu'elle vint "récupérer" Laurette chez l'homme... et que l'on perd sa trace. Plus rien sur Fatima depuis 98. Il fallut attendre 2003 pour qu'enfin on se questionnât plus avant sur sa disparition.

Rien de plus poignant que cette jeune femme qui s'évanouit pendant quatre ans sans que personne ne s'en soucie : un chien eût été plus activement recherché. Rien de plus confondant que cette "arlésienne" que son ex prétendait voir régulièrement (mais, comme c'est bizarre, seulement lui!), qui ne laissait aucune marque d'elle même, jamais, dans le quasi indifférence de tous, de toute la société. Rien de plus terrifiant que l'image que l'on a de cette jeune mère ulcérée qui s'en va reprendre son enfant à un père déjà connu pour ses actes précédents et dénoncé par la petite fille elle-même.. et dont le chemin s'arrête dans ce mas isolé entouré d'un vaste chenil. Rien de plus aberrant que cette "garde" qui a été (certes provisoirement mais tout de même !) attribuée à un tel personnage sans qu'apparemment personne ne s'interrogeât sur ses capacités éventuelles de récidive. Sans contrôle semble-t-il ou nettement insuffisant. Rien de plus inimaginable que la dénonciation par la petite n'ait pas été immédiatement suivie d'un retrait par l'autorité judiciaire (manu militari s'il l'avait fallu.) Présomption d'innocence? Zut. A la bonne franquette, on laisse en toute tranquillité d'esprit la maman prendre une valise vide, le bus, et grimper la côte... pour se rendre chez le type qui l'attend dans l'état que l'on imagine, prêt à en découdre.

Voilà : l'enfant a dénoncé le crime, sa mère l'a défendue, résultat (ce n'est qu'un cas il est vrai mais tout de même révélateur) c'est celle-ci qui a été massacrée sous ses yeux... sans que personne ne songe : 1 au risque qu'elle courait et 2 à enquêter sur sa disparition ensuite. La petite a vu le meurtre et au départ ne l'a pas relaté : elle avait "parlé" une première fois avec les conséquences qu'on a vues, elle n'était pas prête à réitérer. C'est des années après, lorsque c'était devenu hautement probable pour tous, qu'elle a enfin expliqué ce qui s'était passé. Que peut penser cette jeune fille (à présent) de la société qui permet de tels drames? Et surtout, peut-elle éviter de se sentir coupable d'avoir parlé puisque, lorsque le drame annoncé est arrivé, personne ensuite n'a su la défendre, ni elle ni sa mère ? Alors, que l'on ne se demande pas pourquoi les crimes sexuels intra familiaux ne sont que très rarement signalés et punis : c'est pour cela. Parce que la société ne "suit" pas les dénonciations, ne sait pas ensuite protéger les victimes, livrées parfois à leur bourreau surboosté... Il est d'autre cas moins dramatiques... mais tout à fait semblables sur le fond. La jeune fille doit se dire que si elle s'était tue, si elle avait consenti à être la victime de son père en silence, sa mère serait encore en vie. Et le pire est que c'est sans doute exact.

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