Blog-note

lundi 12 septembre 2011

Massoud l'Afghan, celui dont on ne parle plus beaucoup, et qui aurait peut-être pu vaincre les talibans. Anniversaire de sa mort et des Twin tovers..


12/09/2011 à 12h47  liens

L'actu est injuste et impitoyable; un clou chasse l'autre et à l'infini. Une leçon à tirer pour la CIA et pour tous.



Les américains sont des gens formidables qui illustrent à l'envi la formule de Bergson: "avec la technique, les hommes sont devenus sur-puissants mais pas sur-raisonnables.. il leur manque un supplément d'âme à la mesure de leur force"... et par ce décalage entre leur armement et leur raison, ils se détruisent eux-mêmes avec constance et ferveur. Ainsi, dans leur "fine" stratégie armèrent-ils la résistance afghane.. quelle qu'elle soit ! contre les soviétiques leurs ennemis communs et mieux, soutinrent-ils en priorité parmi les moudjahidines ceux -même militairement nuls !- qui peu après comme prévu anéantirent par exemple les Twin tovers-... et laissèrent-ils à l'abandon voire livrés aux premiers ceux comme Massoud qui auraient pu vaincre à la fois russes et talibans... sur la base que les plus intégristes, les plus sanguinaires étaient aussi les plus intéressants, tandis que les plus raisonnés seraient forcément moins performants. Manque de bol, c'était le contraire. Une "stratégie" d'une connerie pharaonique faisant fî de la plus élémentaire analyse humaine et politique, fondée seulement sur l'"idée" simple et stupide, "les ennemis de mes ennemis sont mes amis" et reliée à leur infinie arrogance -on est les plus forts et ces cocos, on s'en occupera après-, ne tenant nullement compte des avertissements de ceux qui, pour les avoir combattus, (Massoud par exemple) les connaissaient bien.. voire même du propre credo de ces peu riants personnages -qui ne se cachaient nullement de vouloir en découdre ensuite avec le "grand Satan"-. Ils n'avaient pas compris que eux, rois du monde, sur armés, s'ingérant partout où ça sentait le pétrole, pouvaient être utilisés et qu'avec un cutter et trois gus au cerveau en court circuit, on pouvait faire griller leur superbe emblème de réussite économique inégalée -et 3000 personnes avec, affairées pour la plupart à renforcer fébrilement la glorieuse Amérique du fric et des affaires-... Un immense symbole d'une erreur philosophique lamentable. La connerie coûte cher.

















 PORTRAITS DE TALIBANS (Source, Dorvrak) Age moyen : 18 ans. 
Certains semblent en avoir 14 au maximum.

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MASSOUD L'AFGHAN

Massoud, 2/9/53-9/9/2001, commandant de Alliance Nord ou armée islamique (de tendance fondamentaliste dit-on) tient son surnom le "lion du Panshir" de ce qu'il réussit avec des partisans à virer les soviétiques sur-armés du Panshir (mais il dut ensuite se coltiner les talibans.. avec lesquels il avait été stratégiquement relié au moment des combats contre l'occupation communiste) de 96 à 2001. C'est à ce moment là que son engagement islamiste changea radicalement et que, sous pression de mouvements féministes, il signa une charte du droit des femmes qui fit grand bruit médiatiquement. Opportunisme ou sincérité? J'opte (sans garantie) pour la seconde. Son parcours romantique est aussi atypique.
Bourgeois panshiri tadjik (peut-on dire féodal? Oui, en partie) dont la famille fut reliée à la monarchie (il y a trois ethnies principales en Afghanistan, les pachtounes, sunnites -d'où sortent les talibans- fondateurs du pays, groupe majoritaire et qui est également représenté au Pakistan limitrophe, les tadjiks, sunnites -en ville- et chïite -dans les montagnes-, et les hazaras, chîtes, minoritaires et persécutés pour dissidence religieuse) né dans un village de la vallée, il étudie au lycée français (qu'il parle donc parfaitement) de Kaboul puis intègre une école d'ingénieur polytechnique.

C'est en 72, lors de la prise de pouvoir de Daoud (issu de la famille royale d'ethnie pachtoune) qui, soutenu par les russes, s'autoproclame Président de la République, (c'est un musulman modéré qui fit scandale en se présentant au cours d'une cérémonie avec sa famille dont les femmes n'étaient pas voilées*) que Massoud entre en clandestinité combattante en compagnie de quelques partisans tadjiks... armés de pétoires d'avant guerre ! Irréductibles : cet échec de Daoud fonde les communistes à prendre officiellement le pouvoir en 78. Plus d'homme de paille, ce sont eux directement qui envahissent le pays. La CIA s'en mêle alors : c'est la "partition" de l'Afghanistan: Massoud, stratège hors pair, financé par les américains, mais moindrement que Ekmakthiar son rival pachtoune fondamentaliste sanguinaire également combattant.. (à la fois l'envahisseur soviétique et Massoud lui-même)..  prend en main politiquement, administrativement et militairement tout le nord du pays soit 15 de ses 29 provinces. Soulignons le : la résistance anti soviétique afghane n'est pas unie et les US tendent à entretenir cette division en favorisant parmi les combattants les plus intégristes, ceux-là même qui vont ensuite se trouver ralliés par Ben Laden !

Et c'est la victoire: en 82, tel un véritable chef d'état, il négocie d'égal à égal avec Andropov le retrait des forces d'occupation soviétiques, une première dans l'histoire de la Russie communiste qui annonce déjà son déclin (pour la plus grand joie des américains). Massoud devient "Massoud l'Afghan", le héros. Tout en lui s'y prête sans forcément que ce soit voulu : il est photogénique comme les paysages grandiose de sa vallée, parle français, sa parole est mesurée, patiente, posée (étrange pour un chef de guerre) et, non moins étrange, ce littéraire -quoique technicien- lit de la poésie le soir avant de se coucher. Il rêve de devenir instituteur et on le voit bien dans le rôle.


Mais la guerre (devenue civile à présent entre pachtounes et Massoud, malgré une brève et catastrophique* -pour Massoud- "réunion" politique des frères ennemis) continue pourtant et ce n'est qu'en 92 qu'il entre enfin dans Kaboul : c'est le gouvernement Rabbani dont il devient ministre de la défense puis chef. Mais, tadjik, il se trouve très vite en butte aux pachtounes, majoritaires fondamentalistes et talibans, pakistanais ou soutenus par le Pakistan.. qui finiront par l'évincer (d'abord ce sera Ekmakthiar puis le Mollah Omar, également pachtoune, qui prendront le pouvoir.)

*Notons que c'est dans cette période que ses troupes sont accusées de massacres d'hazaras, ethnie minoritaire et de pachtounes. Et, parce qu'il avait conclu un accord avec des milices mercenaires sur armées occupant Kaboul pour qu'ils le laissent entrer sans résister, d'avoir été responsable de terribles bombardements de civils (reliés à ces milices incontrôlables) et au sol, de la destruction de quartiers entiers de la capitale (lien). Une erreur stratégique qui ternit durablement son aura.
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Donc pour résumer, les américains ont aidé Massoud à virer les soviétiques et à présent, ils aident leurs alliés pakistanais contre lui (par talibans interposés): devenu trop puissant et trop populaire, refusant le rôle d'homme de paille, il les gêne; sa tâche accomplie, qu'il retourne à ses moutons; après l'occupation soviétique, vient donc l'occupation pakistanaise.. soutenue par les USA !

Et c'est la catastrophe : en 1996, les talibans du mollah Omar, chef et "commandeur des croyants", victorieux, soulignons le, grâce aux américains, instaurent une dictature fondamentaliste sur l'essentiel du pays. Leurs premières victimes : les femmes. Là, étrangement, par une erreur de stratégie politique impensable, les américains ne se méfient pas de la vipère qu'ils viennent de nourrir. On est 5 ans avant l'attentat du 11 septembre.

C'est alors que Massoud vire sur le plan de l'islam, y compris au sein de son propre parti, la Shora-e Nezar, et qu'il se distancie aussi du "Jamiat Islami" pro iranien de Rabbani son allié. Il est "seul" : pakistanais, américains et saoudiens sont à présent ses ennemis. L’Afghanistan est devenu le terrain de jeu et d'entraînement de Ben Laden. Et là, c'est une sorte de miracle : sans aucun soutien logistique ou matériel, il tient le choc tout de même et le Panjshir  devient un haut-lieu de résistance où se réfugient tous les procrits du pays, (les femmes notamment) fuyant le régime taliban. C'est en 2000 (donc un peu tardivement) qu'il signe la Charte des droits des femmes sous l'impulsion d'afghanes en exil ("Soutien aux femmes d'Afghanistan) et sa consécration (également tardive) : il est invité en septembre 2001 (retenez la date!) par Nicole Fontaine, Présidente du Parlement européen. Et là, au cours d'un discours célèbre, il dénonce les ingérences talibanes étrangères, leurs exactions, souligne le danger que Ben Laden représente pour la communauté internationale toute entière et sollicite une aide financière pour les résistants réfugiés dans "sa" vallée du Panjshir.. (et implicitement pour virer l'infâme.)
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Et le résultat ne se fait pas attendre : le 9 septembre, deux jours avant l'attentat des Twin tovers, il est assassiné, au moment même dit-on (?) où il préparait contre Al Qaïda une confrontation d'importance avec l'appui, trop tardif cette fois, des États-Unis. Une erreur stratégique monumentale de la part des amerlocks qui ont aidé ceux qui ensuite ont "fait" les Twins tovers et laissé aux chiens celui qui aurait pu les vaincre. Diviser pour régner? Mais il faut réagir vite et parfois, si on traîne, cela pète à la figure. Une autre théorie dit que les américains auraient sciemment laissé faire voire fait assassiner Massoud trop encombrant dans son désir d'un Afghanistan indépendant aussi bien des russes que d'eux ou des talibans (ce qui revient au même.)



*Controverse : si les femmes de la famille Daoud l'ex président fantoche des soviétiques se montraient en public et sans voile, jamais on ne vit celle de Massoud, réfugiée en Iran actuellement, (cf ce portrait de "famille" où il manque quelqu'un !) même si une journaliste réussit à l'interviewer (avec l'accord du Commandant) : une interview de circonstance controuvée et sans intérêt. ("Il est parfait comme mari et père, n'a aucun défaut etc..")


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