Un plan de Jaquez, résistant... à peu près à TOUT (mais qui fut interdit !!) Pourquoi ? Pour ça. |
"L'histoire de l'Agriculture n'a conservé, à aucun moment et pour aucune autre plante cultivée le souvenir d'une crise aussi grave que celle traversée par les vignes de l'ancien continent lorsqu'elles furent envahies par le Phylloxéra" Gustave Foex, 1900
Originaire de l'Est des États-Unis,
le Phylloxera est un insecte piqueur apparenté aux pucerons. Il fut signalé
pour la première fois en France en 1863. Au dix neuvième siècle, le
Phylloxera dévasta dramatiquement la
viticulture française et européenne, qui dut intégralement
se reconstruire -et cela prit des années-. Le Phylloxera a aujourd'hui colonisé presque tous les
vignobles du monde.
En 1845, le vignoble français est attaqué par un champignon, l’Oïdium. Rapidement la technique du soufrage en vient à bout et en 1855 l’alerte jugulée, le vignoble français connaît une décade d’opulence. Mais c’est alors, dans les années 1855/1863, que certains pépiniéristes et viticulteurs ont l’idée (!!) : ils importent des plants américains soi disant résistants à l’Oïdiun, qui, notons le, ne représentait plus de danger véritable… et c’est la catastrophe : plus d’oïdium, mais à la place, le phylloxéra, infiniment plus dangereux* –on l’a toujours définitivement, d’où l’obligation d’user de pesticides après chaque pluie. –Note : les plans américains eux y résistaient parfaitement c'est-à-dire qu’ils l’avaient bel et bien mais les racines n’étaient pas affectées-… tandis que les plans traditionnels européens, eux, périssaient les uns après les autres. Les années 1866/1867/1868 voient le mal s’étendre, la progression du phénomène est mesurable (environ 15 km par an) et inexorable. Les viticulteurs du Gard, des Bouches-du-Rhône et du Vaucluse s’adressent à des experts pour circonvenir le désastre. Trois dont Planchon, envoyés sur place, constatent (à l’aide d’une loupe !) que sur les racines d'un cep encore vivant, pullulent des centaines, des milliers de petits points jaunes. C’est un puceron, LE puceron ! cause de la catastrophe. Branle-bas de combat partout et chaque fois, même constatation : il grouille, foisonne sur les souches encore vivantes. Planchon le nommera Phylloxéra Vastatrix (feuille sèche)… Muni d’un rostre puissant il suce les racines comme une seringue fichée dans le bois jusqu’à épuisement total de la sève, émigre vers d’autres en bonne santé etc... Son cycle de reproduction est diabolique : parthénogénèse, ponte d’œufs sexués et non sexués, accouplement… !! en un mois au printemps, plusieurs générations se multiplient et le cycle complet s’achève en août par des formes ailées qui portées par le vent vont coloniser et envahir de nouvelles vignes, pondant un œuf d’hiver protégé sous l’écorce du cep qui donnera naissance à une forme femelle qui recommencera ce cycle en pondant plusieurs centaines d’œufs... C’est par plusieurs millions que le puceron se reproduit en quelques mois. Tout échoue pour s’en débarrasser, c’est la ruine, des Cévennes notamment, des suicides, le désespoir de viticulteurs qui voient des vies –sur plusieurs générations !- de travail réduites à néant. (Note : le puceron attaqua aussi les chênes et surtout le mûrier -l'arbre dont les feuilles nourrissent le ver à soie, ce qui contribua encore davantage à la ruine des Cévennes.)
C’est alors que plusieurs chercheurs dont Planchon et Bazille suggèrent de soigner le mal par le mal (!!) Dans des domaines phylloxérés, les plants américains étaient vigoureux et en bonne santé –forcément ils étaient résistants-. De là l’idée de replanter de la vigne américaine comme porte-greffe -résistant au phylloxéra- sur lesquels on greffe des cépages européens. Après des milliers d’essais plus ou moins concluants –des fortunes- quelques hybrides émergèrent : le goût du vin gardait toute la saveur du greffon mais le plant, les qualités de résistance du porte-greffe. Après 1900 la physionomie du vignoble est bouleversée. En 1875, 2,5 millions d’hectares de vigne en France. En 1903, 1,70 millions. Dans le Midi de la France, le vignoble a déserté les coteaux pour s’installer dans les plaines. La vigne disparaît définitivement dans le bassin parisien et dans certaines régions du Centre.
Épilogue : dans les Cévennes notamment, certaines variétés de vignes "indigènes", même si à l'origine elles provenaient de plants américains -mais très anciens- furent interdites et disparurent peu à peu -pas partout-, non en raison de leur soi disant toxicité -prétexte proclamé- mais de la surproduction des plans hybrides (porte greffe américains greffés avec des plans du crû) lorsqu'ils réussirent à s'implanter et donnèrent en abondance.. et lorsque le marché du vin diminua. Le Jaquez (image), ultra résistant -au mildiou, à l'oïdium et au phylloxéra- est l'un d'entre eux. Certains viticulteurs dont Yves Simon à Saint Ambroix en conservèrent et à présent l'interdiction est levée.
http://www.infostevia.com/?AUTRES_PLANTES_INTERESSANTES:%26nbsp%3BVIGNES_INTERDITES
* C’est Jules-Emile Planchon qui
en 70 établit que le phylloxéra avait été introduit par ces plants américains.
http://femmesavenir.blogspot.com/2014/09/le-clinton-et-les-abeilles-dans-le.html
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