Blog-note

mercredi 11 décembre 2013

Le complexe de Rappin, l'inverse de la résilience

On parle beaucoup de la résilience, concept joyeux certes (lien) mais rarement de son inverse (d'ailleurs il n'y a pas de nom pour le désigner) que j'appellerais le complexe de Rappin (il s'agit de ceux qui enfants ont bénéficié d'un environnement favorisé voire ultra favorisé et qui sont devenus des criminels particulièrement effroyables) Or si on effectue une recherche sur le sujet on s'aperçoit qu'on ne sait rien ou très peu sur les victimes mais presque tout sur les bourreaux (photos, biographies, blogs..) à charge parfois de justification. Trois cas ici de ce type : Georges Rappin; Patrick Henry; Hugues Pignal. 

NOTE: DANS DEUX CAS, LES VICTIMES SONT DES FEMMES; DANS UN, UN ENFANT

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Georges Rappin



 























A gauche, Rappin qui se faisait appeler "Monsieur Bill", surjouant son personnage de dur avec une exagération pathétique, et à droite, une de ses victimes, dont il a fallu plusieurs heures pour trouver la photo : Dominique Thirel, une jeune prostituée décrite par son entourage comme "gentille, brune, jolie" ; il n'y en a aucune (et même rien du tout) de son autre victime attestée, Roger Adam.. dont la seule chose que l'on sache de lui est qu'il était ,pompiste, ancien déporté (!) et père de trois enfants.. on ne sait pas davantage sur sa compagne. Que sont-ils devenus? La famille Rappin (qui en avait les moyens) a-t-elle été condamnée à les prendre en charge? Mystère.

Rappin donc, un jeune homme du 16ième, (lien) élevé comme tel avec amour et indulgence (jusqu'au bout il fut soutenu contre toute vraisemblance par ses parents, son père ayant cru jusqu'à la fin qu'il avait été victime d'un complot de la pègre qu'il fréquentait assidument).. fut selon son avocat (Me Floriot, ni plu ni moins) étouffé (sic) par un trop plein de sollicitude de la part de sa mère et de sa grand mère, cédant à tous ses caprices (un caprice dans ce milieu représentant l'achat d'un bar, d'une boîte etc..) Complexé par des échecs scolaires successifs, (il se faisait renvoyer même d'établissements privés ruineux et peu regardants et on peut penser que là aussi, "ça devait être la faute des profs") voulant jouer les durs ou plus exactement les macs, il "acheta" Dominique dite Domino à son proxénète et, pour une soi disant dette de sa part, (elle désirait quitter le "métier" et il exigeait une somme qu'elle ne pouvait acquitter) se sentant floué, (par elle et par le "vendeur" qui ne le prenaient pas au sérieux), il la brûla vive (sans doute par maladresse) en prenant tout de même soin d'insister sur les parties de son corps qu'il savait reconnaissables (cicatrices, particularités anatomiques..) idiot mais jusqu'à un certain point... puis se vanta de son haut-fait auprès d'un ami, (croyant ainsi attirer la faveur des caïds)... qui le dénonça. La pègre malgré tout a ou avait ses codes "moraux". Dans la foulée, pour faire poids, il avoua un autre meurtre, celui de Roger Adam, pompiste, qui l'avait traité de petit con, non élucidé et qui ne l'aurait sans doute jamais été.. puis des séries (mais là, invraisemblables) pour être sûr de faire longtemps la "une". De Dominique Thirel, ON NE SAIT RIEN -SI CE N'EST SON PHYSIQUE-, MÊME PAS SI ELLE AVAIT OU NON DES ENFANTS donc a fortiori ce qu'ils sont éventuellement devenus. Condamné à mort et exécuté.

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Hugues Pignal



 















La aussi, il a fallu une recherche assez longue (mais moins que pour Dominique Thirel) pour dénicher une photo de la victime, sa mère adoptive Anne Marie Pignal, et pourtant il ne s'agit pas d'une petite prostituée de Pigalle mais de la richissime veuve du PDG d'Hitachi. Lui aussi aurait été mal aimé par des parents "admirables" mais froids et "inaffectifs" et, n'ayant donc pas bénéficié de suffisamment de câlins (selon son avocat et lui-même) affecté d'un complexe d'abandon (il avait effectivement été adopté à 6 ans)... il compenserait en dépensant d'une manière compulsive effarante même pour le fils du PDG d'Hitachi (20 millions en quelques mois après la mort de sa mère, ce qui mit la puce à l'oreille des flics). C'est justement une menace de restriction de fonds de sa part (elle aurait voulu faire directement hériter ses petits enfants -car divorcé plusieurs fois, il avait quatre gamins- pour leur éviter la ruine) qui aurait motivé l'assassinat... qu'il a toujours nié. Il est récemment sorti de prison, avec un simple CAP.

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  Patrick Henry 

Maintenant
Lors des faits



                          Philippe Bertrand, assassiné à 8 ans 

Lui aussi est issu d'un milieu sans histoires quoique modeste  (lien)   lui non plus n'a pas connu de problèmes majeurs (si ce n'est une scolarité qui ne fut sans doute pas à la mesure de ses capacités, il n'a qu'un simple CAP de cuisinier lorsqu'il quitte le collège) et lui aussi est fasciné par l'argent, le paraître... sauf que lui ne peut pas. Ambitieux compulsionnel, près plusieurs échecs professionnels, il envisage "autre chose". C'est la seule motivation d'un geste non seulement atroce mais surtout absurde (étonnant lorsqu'on verra ensuite son parcours universitaire) : il kidnappe contre rançon le petit Philipe Bertrand, un enfant qu'il connait bien. L'assassinat est donc forcément à la clef. Lamentable ratage, issu des flics qui ont foiré la remise de rançon et l'arrestation prévue? ou de toutes manières programmé? On ne le saura jamais car on n'a pu déterminer à un jour près le moment de la mort de l'enfant. Probablement était-elle inscrite dans le scénario initial. C'est l'hallali.. "à mort".. et Badinter qui trouve là le cas le plus lourd de toute carrière.. donc le plus à même de faire enfin abolir la peine de mort (du reste, il ne s'intéresse pas à l'homme, comme s'il redoutait qu'en voyant le personnage, cela ne trouble son inspiration): si celui-là n'est pas condamné à mort, alors personne ne pourra plus l'être ensuite. (Faux, comme l'observe avec un certain cynisme Patrick Henry lui-même.) Il sauve sa peau et devient un symbole. C'est le fameux "vous ne le regretterez pas", qui après coup sonna de manière ironique.


En prison, malgré une attitude de détenu modèle (parti d'un CAP, il passe une licence de maths et un DUT d'informatique) les gardiens ne l'apprécient guère (ni personne). il n'a pas d'amis (si ce n'est ceux qui peuvent le servir) se montre méprisant et arrogant envers ceux qu'il ne juge pas à son niveau, plastronne, ne redoute rien (même des caïds qui n'aiment pas les tueurs d'enfants). Du reste, il n'avait pas flanché lors d'une "audition" un peu particulière, à un moment où on croyait encore l'enfant vivant, lorsque des flics l'avait amené en forêt de Fontainebleau et mis en joue pour qu'il parle... le coup de feu tiré juste au dessus de sa tête ne l'avait ébranlé. Un dur à sa manière. Il semble aussi n'avoir guère de remords si ce pour déplorer les conséquences sur lui de son acte. Bosseur, il fait fonctionner l'imprimerie qui se met à rapporter pas mal d'argent (à lui aussi). Et il est remis en liberté : il y a des gens formidables qui croient à la réinsertion et qui, comme Badinter pour la peine de mort, ont voulu démontrer que cela était possible même dans le cas le plus "perdu" qui soit. Il est donc engagé par un imprimeur... Comme il a entre temps écrit un livre, (refusé par plusieurs éditeurs puis accepté par un avec avance) toujours âpre au gain, il commence à monnayer ses interviews. (Bizarre.. je croyais que c'était interdit.) Et on sait la suite. Non, il n'a pas changé. Simple vol au départ (rien de très grave) mais il est sous probation.. puis trafic de drogue: il envisageait de s'installer au Maroc pour fonder une entreprise et bien qu'il fût loin d'être démuni, (en prison il était un des rarissime détenus à fort bien gagner sa vie) il avait besoin de "plus" pour repartir dit-il, personne ne voulant l'engager ici où à son seul nom, même un "loueur de garage" (!) le mettait à la porte en l'injuriant. Certes... mais loueriez vous un "garage" à un tel gus? Moi pas ou bien j'irai voir tous les jours ce qu'il y fait. Retour donc à la "perpétuité".

Il ne se laisse pas abattre : grève de la faim pour protester contre ce qu'il appelle sa "triple" peine (il a "purgé" sa condamnation pour trafic de drogue et remboursé son vol, donc se sent "quitte"). Oui mais la perpétuité pour l'assassinat de Philippe Bertrand qui avait été levée sous probation, on en fait quoi? Un cas de jurisprudence. Certains qui l'avaient soutenu l'ont lâché, mais d'autres se sont levés... et le voilà ressorti.

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