Blog-note

lundi 7 novembre 2011

Pédophilie, la lâcheté au quotidien


Réseaux pédophiles ? Et si c’était plus simple ?

Il semble qu'il y ait un fichier de délinquants sur mineurs qui a été un peu tardivement mis à disposition de la justice française, ce qui a posé problème. Des réseaux? je l'ignore mais l'impensable légèreté (lien avec le cas de la petite fille turque dite "O") avec laquelle sont ou furent traitées, car cela change tout de même actuellement, les affaires d'agression sexuelle même pédophiles peut aussi avoir un cause plus sordide et plus simple (lien avec le cas d'Océane). 

Voici une histoire qui date un peu. Proviseur ou "faisant fonction" ce qui n’est pas tout à fait la même chose, dans un lycée professionnel de Province, je reçus un jour une élève (14 ans) amenée par ses copines, terrorisée. Débile légère, section SAS, elle finit par m'avouer avoir été "touchée" (en fait c'était plus que ça) par un adulte.. qui travaillait au bahut. (!) Il était difficile de tout comprendre mais je lui ai immédiatement donné le trombinoscope de TOUS les professionnels du campus, heureusement parfaitement tenu à jour par mon prédécesseur, avec un café et des encouragements fervents "tu as tout le temps" etc.. Miracle, elle le reconnut au bout de dix minutes à peine de feuilletage.

OUF !!! Mille fois ouf ! C'était un "t.u.c.", ainsi appelait-on des jeunes au chômage ou en réinsertion employés pour des taches mineures un temps déterminé, un soulagement immense. [Il avoua, ce fut le même scénar banal de tous les agresseurs sexuels, elle "faisait" plus que son âge, il avait cru qu'elle était consentante, elle ne s'était pas vraiment (!) défendue etc. Il avait été interrompu par la sonnerie de la cloche mais lui avait donné RV avec menaces si elle ne venait pas de s'en prendre à elle le soir plus sérieusement.]

Et que pensez-vous qu'il advint ? Je fus admonestée par mon collègue pro technique -qui n'était pas mon supérieur- et toute sa cour qui s'arrangèrent pour me pourrir la vie ensuite et me faire muter, en un sens ils me rendirent un immense service, sur la base que j'aurais dû les prévenir avant de déclencher la lourde artillerie -ils étaient injoignables, qu’importe, j’aurais dû attendre- j'avais fait courir un risque au lycée, je m'étais emballée (!) un flirt un peu poussé tout de même ce n'était pas la mort, j'avais aggravé les choses au lieu de les calmer, avec ces "gosses" (les SAS) on n'était jamais sûr de rien etc.. Ils redoutaient qu'il y ait plainte de la part de la mère, que le bahut ne soit responsable, le fait est qu’il l’était, mis à l'index -la jeune fille avait été seule dans une salle vide et au dernier étage de midi à 2 heures- et que leur note administrative ne soit baissée. Ce sont ces réactions de gens banaux et minables, pas de vrais salauds ! qui confortent les criminels et leur confèrent l'impunité, plus que des soi-disant complicités (peut-être y en a-t-il mais ici c'était juste la peur de perdre une prime et de se voir blâmer.) C'est ce qui décourage les victimes de porter plainte ou, lorsqu'il s'agit de professionnels de l'éducation responsables, d'entendre une plaignante. Il y a manière et manière de recevoir une agressée qui en le cas ne demandait qu'à fuir.

Supposons que le gus n'ait pas avoué, qu'il se soit montré convaincant avec l'aide d'un ténor quelconque stipendié, que la gamine briefée par mes collègues -qui ont tout fait pour !- se soit rétractée [ce ne fut pas le cas, sans doute le fait que je l'aie écoutée l'avait-il renforcée].. et que la mère ait suivi le mouvement de déni, que croyez-vous qu'il serait advenu? La jeune fille eût été traumatisée à vie et ma carrière brisée [elle le fut en un sens mais pour le meilleur] j'aurais porté au minimum l'opprobre d'incompétence (!), j'aurais été l'incapable, celle qui met tout le monde dans le pétrin, alors que si je n'avais rien fait d'autre que "calmer le jeu", renvoyant la gamine à ses serpillières avec un bonbon et un biscuit, après tout il était tard lorsqu’elle s’était enfin décidée me "déranger" et pour une ado fragile c'était énorme.. personne ne m'en aurait voulu, même au cas hypothétique où la mère, prévenue ensuite aurait décidé de porter plainte contre le lycée [j'aurais affirmé m'être trompée, la belle affaire, avec les SAS, pas facile de comprendre, était-elle seulement venue? avait-elle réellement expliqué les choses? soutenue peut-être -peut-être pas- par mon collègue gêné par son absence et surtout par l’impossibilité de le joindre.]

Comprenez-vous à présent pourquoi des gens, même des pro, même "innocents", même relativement dévoués par ailleurs se taisent? Ils ont tout à y gagner. Dénoncer comporte un risque, celui de déclancher un scandale, de faire braquer des yeux suspicieux non seulement sur vous mais sur toute l'institution et on ne vous ratera pas, même si tout est avéré ["on" étant en le cas mes propres collègues plus anciens !] Mais alors si vous vous plantez !

Ce sont ces minimes lâchetés, la peur de voir sa note administrative baissée, de dévoiler des dysfonctionnements y compris légers d'une boîte, de se voir refuser ensuite des crédits, de donner ou confirmer une mauvaise réput d'un bahut, qui sont la plupart du temps à l'origine de ces refus d'entendre des enfants ou ado victimes, donc d'investiguer. Et puis quels soucis en perspective, une grève peut-être -les profs déplorant le manque de pions et de contrôle de l'entrée et des bâtiments n'allaient pas manquer à juste titre de se saisir de l'os-, RV délicats -avec les parents-, rapports à rédiger, plaintes à corroborer, une enquête même minime à mener, sans compter la crainte de représailles de ceux sur qui vous avez lancé la police souvent fort mécontents et, s'il s'agit de caïds d'arrondissement, vous devinez la suite. Un proviseur est seul le soir dans un campus totalement désert, en le cas ouvert à tout vents, mal éclairé, ici par endroit un vrai coupe gorge. (lien avec le blog femmes avenir.) Tout bien pesé, pour un carriériste moyen, il était urgent d'attendre le lendemain lorsqu'on serait "tous" présents, l'affaire méritait concertation dans le calme et à plusieurs [et d'ici là, la victime à qui on aurait par exemple offert une blouse neuve serait peut-être dans de meilleures dispositions] "un flirt un peu poussé, ce n'était pas si grave tout de même", ces mots-là me furent envoyés exactement par mon collègue ulcéré, ainsi qu'à la gamine. Mais, moins débile qu'il ne pensait [il faut dire que je lui avais expliqué et re expliqué que personne n'avait le droit de faire "ça" si elle ne voulait pas, que ça s'appelait agression sexuelle ou tentative de viol et était sévèrement puni] elle avait imprévisiblement tenu le coup, car sa mère fut à la hauteur, pas de pathos mais pas de minimisation, elle comprenait mieux que nous les propos de sa fille et elle me remercia de ma rapidité de réaction. C'aurait pu être différent. C'est l'affaire Banon en somme, version Hugo.

En conclusion, le soi-disant enfant-roi est un mythe qui cache souvent une totale désinvolture égoïste au quotidien vis à vis de ceux-ci, quasiment instituée, surtout s'il s'agit d'un déficient donc plus vulnérable ou s'il est issu d'un milieu défavorisé -voire même pas, pas toujours- (lien avec le blog "Secret de famille")

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