Blog-note

mercredi 10 avril 2013

Cahuzac: et si c'était son "honnêteté" qui l'avait perdu?


Une affaire peut en cacher une (des) autres  .
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Une explication emmerdante.. et lumineuse.
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Président de la commission des Finances de 2010 à 2012, tranchant avec son prédécesseur, cet homme étrange, quasiment dupliqué en deux personnalités contraires mais aussi réelles l’une que l’autre, [Monsieur Propre et Plankmonfric] multipliait les investigations, demandant à Bercy les dossiers fiscaux de personnalités comme Ziad Takkiedine, Ernest-Antoine Seillière (l'ancien patron du Medef), l’homme d'affaires Maurice Bidermann et autres zozos éminemment dangereux. Il se fait aussi communiquer la "liste des 3000" possibles fraudeurs du fisc qui recense les clients français de HSBC, de l'UBS (son nom n'y figurait pas !).. et apprend "plein de trucs".. si bien qu’après les révélations de Mediapart, les membres les plus exaltés de son cabinet menacent de manière claire ceux de ses amis qui le "lâcheraient" (ou ceux qui en règle générale l’enfonceraient) : "On n'hésitera pas à sortir ce qu'on, a et des trucs, on en à, à Bercy, au Budget, on a eu l'occasion d'en apprendre..." Conclusion : il a donc du biscuit sous le coude. Contre qui? Bigre ! Et pourquoi Monsieur Propre en a-t-il gardé au sec? Question : puisqu’il est donc facile de savoir qui fraude, n’est-ce pas ici paradoxalement l’engagement RÉEL de Cahuzac1 contre la fraude qui aurait fait tomber Cahuzac2 ? "Tout le monde s'est approché pour voir l'homme à terre" observe l’Express (lien) mais certains [qui continuent à se chier dessus de trouille] "pour vérifier qu'il ne portait pas sous sa veste une grenade dégoupillée". Intéressant. CèKI ? DE QUEL BORD?
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La pêche au gros, un art difficile

 Retour sur l’affaire

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Sitôt publiées les révélations de Médiapart, un de ses amis l'avait prévenu : "Tu peux ne pas dire toute la vérité mais surtout, ne mens pas" et il avait paru convaincu: "C'est ce que je vais faire." Un mois plus tard, lors de la cérémonie des vœux aux journalistes à Bercy, il prend à part un incrédule. "Je vais me battre, j'ai mon honneur!" A un autre qui l'appelle, il paraît étonnamment insouciant, à mille lieues de l'homme traqué qu'il est. Quelques jours avant son rendez-vous chez le juge, il vient boxer dans la salle de sport de l'Assemblée avec à ses côtés sa compagne et sa fille. "Ce type est totalement schizophrène. Il est le fraudeur qui combat durement la fraude, le coupable qui se conduit avec le panache de l'innocent, un vrai, grand, malade" dit-on de lui au PS.

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Tous, il les a abusés en donnant des gages contre lui-même. "Par exemple, alors qu'il y avait des rumeurs contre lui de collusion avec les labos, à chaque fois qu'on pouvait en ferrer un, il nous disait: Allez-y, il y a du gras ! Sur l'évasion fiscale, il a durci les mesures, s'est engagé à fond avec un courage qui nous impressionnait. Jamais il n'a retenu notre bras, ne nous a demandé de mettre le frein." Un honnête en somme, mais oui ! Simplement double. Et, anecdote, le jour même où il doit démissionner, avec l'allant d'un homme qui n'a rien perdu de son pouvoir, il propose à son équipe d'user de son entregent pour les recaser ! Certains s'étonnant indirectement que la plainte contre Médiapart tarde, il les rassure, affiche sa détermination, réaffirme son innocence. 
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L'aveu de sa culpabilité les laisse anéantis, dévastés: "Une trahison inouïe, insupportable. Je l'ai cru, simplement, pleinement. Je vis l'enfer. En miettes" répond l’un par SMS, refusant la demande d'entretien. 
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La chute

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Jusqu'au bout, il donne le change. Fin mars, alors que Claude Bartolone est en déplacement officiel au Mali, son téléphone sonne plusieurs fois : en ligne, Cahuzac, démissionnaire, député du Lot-et-Garonne, veut savoir quelle procédure lui permettra de réintégrer les bancs du Parlement. "Tu attends un mois; le 19 avril, tu reviens, c'est tout." A ce moment-là, il n'est pas encore question d'aveux publics sur les 600 000 euros reconnus par lui.. loin des 15 millions qu’il aurait cherché à placer en 2009 auprès d'une banque privée helvétique après avoir fourni un "certificat fiscal falsifié".

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Au même moment, réfugié dans le Sud-Ouest, il se présente chez un ami qui lui claque la porte au nez. Fin mars, ses proches qui le croient encore l'encouragent à revenir à l'Assemblée : "Il n'y avait aucune raison qu'il renonce à son mandat." Cette histoire d'enregistrement qui le préoccupait parfois? "Un truc de corne-cul monté par un adversaire politique. On lui disait, pourquoi tu te mets dans cet état ? Il partait dans des explications compliquées mais répétait qu'il était innocent, ça nous suffisait."

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Le 2 avril, alors qu'il s'apprête à publier ses aveux sur son blog, il appelle son ex-directeur de cabinet à Villeneuve-sur-Lot pour le prévenir qu'il va lui envoyer un texte à mettre en ligne : "Ne t'inquiète pas".. "Ne doute jamais de moi" lui avait-il déjà demandé quelques heures avant les révélations de Médiapart. Il s'excusera plus tard, toujours par SMS. Des textos, il en enverra des centaines, toujours le même: "Excuse-moi."

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Pour échapper à la traque médiatique, sans prévenir personne, pris en main par Jean Veil et Anne Hommel, ex d'Euro RSCG [qui assura longtemps la com de DSK!] qui le connaît de longue date, il quitte Paris. C'est ensemble qu'ils orchestrent sa médiatisation des aveux, ses excuses sur le blog et sa mise au vert, lui recommandant le silence. Réfugié dans le Sud-Ouest, il se présente chez un ami qui lui claque lui aussi la porte au nez ("voleur, menteur".) Un paria, un judas. Dans sa fuite, il pousse la porte d'une pharmacie qui refuse de le servir. Cette nuit-là, il va dormir dans sa voiture. 

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Des fidèles, Dominique Lefebvre, député PS du Val-d'Oise, Jean Glavany, des Hautes-Pyrénées, Guy Carcassonne, le constitutionnaliste, gèrent l'urgence, redoutant "une connerie" ; mais, conspué, traqué, injurié, à terre, alors qu’il théorise froidement au téléphone des manières d'en finir, il parle de nouveau de son retour dans l'Hémicycle..  (!)


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